Les ODD, une nécessité face au réchauffement climatique ?
Les objectifs de développement durable des Nations Unies constituent une réponse aux enjeux planétaires les plus urgents. L’augmentation de la température (+1,1° C par rapport à l’ère préindustrielle) favorise les phénomènes météorologiques extrêmes. Les fortes pluies et les inondations, par exemple, accentuent la sécheresse et la dégradation des sols. Ces phénomènes sont autant de symptômes du réchauffement climatique, car l’élévation de la température de l’air renforce l’évapotranspiration, ce qui a pour conséquence d’accroître les (fortes) précipitations. Les signaux sont alarmants : si cette évolution se poursuit et que la température continue d’augmenter, les forêts risquent de s’assécher de plus en plus, voire, pour certaines, de brûler intégralement, ce qui fera davantage grimper les émissions de CO2. En effet, la quantité de CO2 absorbée par les forêts diminuera, ce qui renforcera l’effet de serre et entraînera encore la température planétaire à la hausse.
Des objectifs d’envergure mondiale
Ces enjeux planétaires requièrent une action planétaire. Telle est précisément la raison d’être des ODD, adoptés en 2015. Les 193 États Membres de l’ONU se sont engagés à atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030, raison pour laquelle les ODD sont également connus sous le nom d’« Agenda 2030 ».
Les 17 objectifs de développement durable visent à répondre de manière globale aux problématiques écologiques, économiques et sociales. Celles-ci sont souvent étroitement liées, car la perte ou la mise en péril des ressources par le changement climatique sont source d’insécurité alimentaire et de conflits dans les zones les plus touchées. Selon les derniers chiffres de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 802 millions de personnes dans le monde souffrent encore de la faim et 2,3 milliards d’insécurité alimentaire.
Tanzanie : interactions complexes entre enjeux climatiques, sociaux et économiques
En Tanzanie, la diminution des pâturages, le manque d’eau en période de sécheresse et la forte dépendance aux pâturages du secteur agricole impactent considérablement les communautés pastorales. Le pastoralisme est une forme d’élevage nomade qui consiste à conduire des troupeaux de pâturage en pâturage sur plusieurs centaines de kilomètres selon un cycle annuel. Pendant la saison sèche, celles-ci doivent donc faire paître leur bétail sur les terres de communautés paysannes sédentaires, ce qui n’est pas sans poser certains problèmes. Les conflits autour de l’accès à la terre et à l’eau s’intensifient, en particulier dans les périodes de sécheresse. Dans ce contexte, les violences se multiplient.
Quelles solutions propose Biovision ?
Avec notre partenaire Sustainable Agriculture Tanzania (SAT), nous avons mis en place le projet « Farmers and Pastoralists Collaboration » (FPC), qui vise à instaurer une bonne collaboration entre communautés paysannes sédentaires et éleveur·euses nomades. En transformant leurs sous-produits agricoles en nourriture pour animaux et en l’échangeant contre du fumier fourni par les éleveur·euses, les paysan·nes ont pu mettre en place une économie circulaire simple, écologique et vertueuse. Les groupes de paysan·nes tirent un revenu de la vente de fourrage, tandis que les éleveur·euses bénéficient d’une nourriture plus riche pour leur bétail et ainsi d’une meilleure productivité (p. ex. pour leur production laitière). Des formations sont en outre proposées aux éleveur·euses sur de nouvelles méthodes de production de fourrage, notamment la fabrication de balles de foin.
Résilience accrue grâce à l’agroécologie
Le climat de la région de Mvomero, à Morogoro (Tanzanie), se caractérise par des sécheresses entrecoupées d’épisodes de pluies abondantes ou d’inondations soudaines et imprévisibles. Ces phénomènes météorologiques extrêmes nuisent aux paysan·nes et aux familles rurales qui exploitent des pâturages. Ces groupes de population, largement majoritaires dans la région, sont donc particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique.
« Le changement climatique est réel et a un impact sur nous ; à Mkindo, nous sommes touché·es de plein fouet par le dérèglement climatique, avec des pluies soudaines, des températures en hausse et des épisodes de sécheresse », fait remarquer un paysan du village de Mkindo.
En collaboration avec SAT, nous mettons l’agroécologie en avant depuis la création de l’ONG tanzanienne il y a plus de dix ans. Pour lutter contre les effets du changement climatique, les paysan·nes ont commencé à planter des arbres ou à aménager des parcelles en terrasses, afin de protéger les champs de l’érosion.
Pour garantir de bons rendements agricoles même en période de sécheresse, les familles paysannes ont été formées à l’agriculture pluviale. Cette approche consiste à recourir exclusivement aux eaux pluviales pour irriguer les cultures, même en période de sécheresse.
Les ODD dans notre pratique
Le projet « Farmers and Pastoralists Collaboration » que nous menons en Tanzanie montre qu’un potentiel important réside dans la prise en compte simultanée des trois dimensions que sont le climat, l’encouragement des chaînes de production et l’intégration de la population locale, donc également la prise en compte des ODD.
Comme l’illustre le graphique ci-dessous, ce projet montre aussi qu’en agissant directement sur ce qui met en péril nos moyens de subsistance et en protégeant durablement les écosystèmes terrestres, nous ne préservons pas seulement nos propres moyens de subsistance, mais aussi ceux des pays du Sud. Telle est la voie que poursuit Biovision.