La hausse des prix des importations de céréales, d’engrais et de carburant représente un défi de taille pour les gouvernements comme pour les populations à faibles revenus de nos pays partenaires d’Afrique orientale et australe. C’est pourquoi Biovision renforce son engagement, aux côtés de ses organisations partenaires sur le terrain, pour une production alimentaire locale diversifiée avec des systèmes de culture agroécologiques et pour la consolidation des économies circulaires et des marchés locaux.
Les agriculteur·trices écologiques étoffent leur production
De manière générale, nous constatons que les communautés avec lesquelles nous avons collaboré ces dernières années sont moins touchées par la crise, car leur taux d’auto-approvisionnement est plus élevé. La hausse des prix des denrées incite même les agriculteur·trices qui ne dépendent pas des engrais de synthèse à étoffer leur production alimentaire. Parallèlement, nous observons que la forte hausse du prix des engrais chimiques pousse de plus en plus de personnes à s’intéresser aux méthodes de culture qui ne recourent pas aux intrants artificiels.
Épargné·es par la crise grâce à l’agriculture écologique
L’histoire d’un groupe de paysan·nes de Murang’a, au Kenya, mérite d’être connue. Avant la constitution du groupe il y a quelques années, ses membres souffraient d’insécurité alimentaire alors que l’achat de nourriture engloutissait une grande partie de leurs revenus. Accompagné·es par notre organisation partenaire Biovision Africa Trust (BvAT), il·elles ont créé une ferme écologique auto-gérée. Aujourd’hui, celle-ci leur fournit une nourriture saine et leur assure un avenir stable : désormais auto-suffisant·es, il·elles ont été épargnés par la crise alimentaire. L’histoire de ce groupe de jeunes paysan·nes ( à lire dans le magazine Biovision n° 71 ) illustre de manière exemplaire notre approche, qui consiste, en collaboration avec nos partenaires d’Afrique subsaharienne, à aider les familles de petit·es paysan·nes à résister efficacement et durablement aux crises alimentaires. Nous développons et étendons actuellement ces activités.
À la racine du problème
Nous nous attaquons aux causes du problème. Or celui-ci ne réside pas dans un hypothétique déficit de production à l’échelle mondiale. En effet, nous produisons près de deux fois plus de calories alimentaires qu’il n’en faudrait pour nourrir l’humanité entière. Mais nous consacrons quelque 40 % des terres arables mondiales à la production d’aliments pour animaux et utilisons 10 % des céréales pour fabriquer des biocarburants. L’importation de denrées alimentaires bon marché et l’agriculture agro-industrielle subventionnée ont supplanté en de nombreux endroits une production alimentaire locale diversifiée au profit de cultures d’exportation. La clé de la solution à la crise alimentaire ne réside donc pas dans l’augmentation de la production industrielle, mais dans la promotion des petites exploitations agricoles diversifiées et des méthodes de culture écologiques modernes.
Les gouvernements prônent l’agroécologie et établissent des plans contraignants
Afin de promouvoir la transformation nécessaire des systèmes alimentaires, nous menons des dialogues politiques avec des gouvernements nationaux et régionaux, notamment au Burkina Faso, au Kenya, en Ouganda ou au Malawi, ainsi qu’avec des groupes mondiaux de réponse aux crises tels que celui des Nations Unies (UN Global Crisis Response Group on Food, Energy and Finance). Au Kenya et en Ouganda, des plateformes multi-acteur·trices impliquant notamment des groupes de femmes et de jeunes ont permis d’obtenir le soutien des gouvernements à un plan contraignant prévoyant l’élaboration de stratégies nationales en matière d’agroécologie. À l’échelle internationale, nous coordonnons, en collaboration avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un dialogue politique sur les solutions que peut apporter l’agroécologie à la raréfaction des intrants agricoles.
Nous nous impliquons également dans les débats médiatiques afin de mettre en évidence les causes de la crise et de proposer des solutions durables. Lorsqu’en mai 2022, un représentant d’une grande entreprise agrochimique a déclaré dans les médias que les consommateur·trices occidentaux de produits bio étaient responsables de la famine en Afrique, nous sommes intervenu·es pour donner notre point de vue.
Mesures d’urgence pour atténuer la crise
Toutes les activités mentionnées précédemment ont pour but d’atténuer la crise alimentaire à moyen et long terme. Mais face à l’urgence actuelle, nous soutenons également nos partenaires par des mesures immédiates destinées à renforcer la résilience des populations à brève échéance. Ainsi, l’équipe de projet locale de la région Somali, en Éthiopie, a adapté ses activités pour offrir une aide ciblée pendant la période de sécheresse : Biovision apporte un soutien financier supplémentaire par le biais de l’assurance maladie à base communautaire existante. Celle-ci aide les personnes dans le besoin en leur garantissant l’accès aux médicaments essentiels et en couvrant les dépenses liées aux soins médicaux d’urgence. Cela permet à Biovision, à l’équipe de projet et surtout à la population locale d’ouvrir la voie à une collaboration à long terme destinée à favoriser des sources de revenus supplémentaires et de meilleures conditions de vie.