Portrait en bref du projet « rampe5 »
La coopérative rampe5 fonctionne selon un modèle d’adhésion solidaire et une mission claire : garantir des chaînes de valeur courtes et transparentes. La plupart des produits de consommation courante proposés sont proviennent de fermes régionales, en grande partie du « Gut Rheinau », un domaine agricole situé dans la commune éponyme du canton de Zurich. À la rampe5, pas de marges opaques telles que les pratiquent les supermarchés traditionnels : sa petite centaine de membres paient une cotisation mensuelle, qui permet de couvrir une partie des frais fixes de la coopérative. L’essentiel de la vente des produits fermiers est donc reversé aux producteur·trices. Les membres ne sont pas les seul·es à pouvoir s’approvisionner auprès de la coopérative, mais leur cotisation leur donne droit à des marges basses et transparentes.
Le lien entre consommateur·trices et producteur·trices est renforcé par des journées à la ferme, au cours desquelles les adhérent·es viennent prêter main forte aux cultivateur·trices. De quoi se rapprocher de la terre, origine de tous nos aliments, et faire l’expérience des efforts à déployer pour les faire pousser. Outre l’aide au jardin et l’achat en coopérative, les membres de la rampe5 ont également un autre moyen de témoigner leur solidarité : en participant aux commandes groupées organisées par Grassrooted. Il s’agit de ventes spéciales proposées à des jours fixes afin d’écouler des marchandises invendues pour cause d’écart par rapport aux normes des grands distributeurs, de récolte excédentaire ou de perte soudaine de débouché. Une initiative qui contre efficacement le gaspillage alimentaire.
Avec le projet « Exemples de bonnes pratiques pour un système alimentaire durable », Biovision offre une tribune aux initiatives et projets en Suisse qui contribuent à façonner un système alimentaire durable. Nous souhaitons démontrer que des solutions viables existent et qu’un changement vers plus de durabilité est possible !
rampe5 en ligne
Au-delà du label bio
La qualité de la plupart des produits commercialisés par la coopérative dépasse les standards de l’agriculture biologique. En promouvant ces produits, la rampe5 contribue à accroître l’efficacité d’utilisation des ressources et la résilience (principes 1 à 7 du graphique ci-dessus).
Grandir ensemble
La coopérative favorise la collaboration entre consommateur·trices et producteur·trices ainsi que la justice sociale (principes 8 à 11 ; la rampe5 étant une initiative locale, elle ne contribue pas aux principes 12 et 13 relatifs au travail politique de niveau supérieur). La vente directe profite à toutes et tous : aux consommateur·trices, qui disposent chaque jour d’aliments frais, écologiques, socialement durables et produits de manière transparente, et aux producteur·trices, qui bénéficient d’un nouveau débouché plus avantageux que dans les magasins conventionnels du fait des moindres marges – sans oublier la cotisation agricole libre que les consommateur·trices leur versent chaque mois, en plus de leur cotisation de membre. Les fonds issus de la cotisation agricole sont gérées par les producteur·trices, qui peuvent par exemple l’utiliser pour indemniser des pertes de récolte ou pour financer des projets de développement des connaissances ou de nouvelles méthodes de culture (p. ex. système agroforestier).
Plus qu’un magasin bio
L’approche de la rampe5 crée des liens entre ville et campagne. La terrasse végétalisée du magasin, qui accueille les visiteur·euses autour d’un jus de pomme, d’un café ou d’une bière, est un lieu de rencontre apprécié qui dynamise le quartier. La coopérative organise régulièrement des événements, qui contribuent à la cohésion des habitant·es et au développement d’espaces d’apprentissage collectifs. Elle propose notamment des rencontres d’échange sur les défis actuels, tels que les conditions de travail dans l’agriculture.
Le réseau POT
La rampe5 fait partie du réseau POT (pour « dépôt »), qui conseille et accompagne les personnes et les groupes intéressés par la création d’une coopérative alimentaire participative et solidaire. Ce réseau permet un large échange d’expériences et propose des outils efficaces pour les projets en cours ou à venir. Au sein de POT, la rampe5 fait figure de projet modèle et avant-gardiste.
Comment fonctionne l'évaluation avec l'outil B-ACT ?
Le B-ACT reflète l’orientation des entreprises, des projets et des initiatives vers les 13 principes agro-écologiques du « High Level Panel of Experts on Food Security and Nutrition » (HLPE).
Chaque principe s’inscrit dans l’un des trois thèmes généraux :
- Augmenter l’efficacité des ressources
- Renforcer la résilience
- Assurer la justice sociale
Pour tous les principes, Biovision a élaboré des questions en collaboration avec des partenaires, qui ont été intégrées dans le B-ACT. Plus le nombre de questions auxquelles il est possible de répondre positivement pour une initiative ou un modèle commercial est élevé, plus la contribution au principe correspondant est importante.
Les points forts du projet :
La rampe5 a toujours accordé une grande importance à la valorisation des producteur·trices. Ses initiateur·trices mettent en pratique les valeurs du vivre ensemble, de l’équité et de l’entraide qui caractérise le projet, par exemple en participant aux travaux dans les champs. La coopérative fournit en outre des prestations annexes aux producteur·trices, à l’instar des cotisations agricoles, du partage des risques liés aux aléas de la production ou des commandes groupées, qui constituent un canal de vente supplémentaire attrayant.
Par son fonctionnement et les événements qu’elle organise, la rampe5 donne les moyens aux consommateur·trices de devenir acteur·trices du changement et de participer activement à l’avènement d’un nouveau système alimentaire pour la ville de Zurich. Dans le quartier, la coopérative est un important espace de rencontre, de mise en réseau et de sensibilisation à des aspects tels que la régionalité, la saisonnalité ou le vrai coût des aliments
Quels sont les défis à relever par
La rampe5 veut se rendre accessible à toutes les couches de la population. Or les produits bio sont souvent plus chers que les produits conventionnels, notamment parce qu’ils nécessitent en principe plus de travail manuel et que les récoltes peuvent être moins généreuses. C’est pourquoi la coopérative a opté pour le compromis suivant : proposer également des articles à prix avantageux qui ne répondent pas à toutes ses exigences (élevées). En outre, la cotisation de membre varie en fonction du revenu. Malgré ces mesures, les initiateur·trices constatent que leur concept n’attire pas toutes les couches de la population dans la même mesure. Pour que les projets agroécologiques participatifs comme celui de la rampe5 puissent se pérenniser, ils doivent impérativement bénéficier d’un large soutien.
Le développement sur le long terme de telles structures requiert par ailleurs un cadre institutionnel et politique plus favorable. Il s’agirait par exemple de prendre en compte le coût réel des produits, soit également leurs coûts cachés, souvent encourus sur le long terme. Les produits bio sont souvent fabriqués de manière plus durable et plus respectueuse de l’environnement, sans utilisation de pesticides ni de produits de synthèse, ce qui contribue notamment à réduire la pollution des sols et des eaux. Si la pollution était prise en compte dans le prix des produits conventionnels, ceux-ci seraient moins compétitifs que les produits bio.
La rampe5 n’est pas seulement une coopérative alimentaire bio, c’est aussi une initiative participative écologique qui offre un lieu de rencontre aux habitant·es du quartier qui souhaitent s’engager ensemble pour une alimentation durable et équitable. Rassembler suffisamment de personnes autour de son propre projet et proposer un programme attrayant pour les coopérateur·trices en plus des activités courantes constitue un défi de taille.