Le rire de Janet Dzimiri est chaleureux et irrésistible. Mais il s’éteint brusquement dès qu’elle parle du passé. « Notre vie était très dure », murmure cette paysanne de 49 ans, mère de quatre enfants. « Nous avions souvent faim. Il n’y avait que le souper le soir. » Lorsque son mari est décédé, il y a dix-neuf ans, la famille a touché le fond. La ferme donnait trop peu pour vivre, il fallait travailler avec d’autres agriculteurs pour gagner de quoi joindre les deux bouts. Grâce aux organismes d’aide, Janet Dzimiri a pu envoyer ses enfants à l’école. Trois d’entre eux ont émigré en Afrique du Sud. Une fille est restée et l’aide à élever quatre nièces et trois neveux. Leurs parents malades se sont affaiblis et sont morts, indique Janet Dzimiri.
« Le compost c’est très bien»
C’est Jona Mutasa qui a soufflé le vent du changement. Janet a appris à connaître ce paysan de la région lors d’un cours de compostage. « Le compost c’est très bien, explique-t-elle, mais malheureusement, il ne servait à rien contre la mauvaise herbe striga et le foreur de tige qui dévastaient mon maïs. » En 2007, elle a été invitée par Jona Mutasa et son épouse à s’initier à la méthode Push-Pull qui s’attaquait à ces parasites. Au sein d’un groupe paysan – principalement des femmes – Janet Dzimiri a terminé la formation. À la fin, elle a reçu des graines de desmodium et d’herbe à éléphant, puis elle a mis ses cultures en Push-Pull. « Depuis, mes récoltes se sont nettement améliorées, dit-elle. Aujourd’hui, nous avons de quoi manger. Et quand il pleut bien, je récolte tellement de maïs que je peux même le vendre ! »
On a bien remonté la pente
Avec les pousses de desmodium et d’herbe à éléphant, Janet Dzimiri produit un foin nourrissant. Ses deux bœufs, sa vache et son veau résistent bien aux longues périodes sèches. Et sur leur ferme s’égaillent une multitude de volailles. Elle parvient donc aujourd’hui à envoyer à l’école tous les enfants dont elle s’occupe. Après les années difficiles, la famille Dzimiri a bien remonté la pente. Ce n’est pas la seule : au Zimbabwe, les paysannes, en particulier, bénéficient des avantages de la méthode Push-Pull – 75 % des stagiaires sont des femmes, dont beaucoup sont veuves. Toutes ont beaucoup de respect et de gratitude envers Jona Mutasa et Rosewiter Chikupe, qui consacrent leur vie à aider les familles rurales du pays. Janet Dzimiri le répète aussi : « Je ne sais pas comment leur exprimer ma gratitude. »
Mais la mère courage garde toujours un grand souhait dans son cœur : « Ce serait si bien que mes enfants en Afrique du Sud reviennent et recommencent ici ». Un espoir discret, ravivé par le potentiel de Push-Pull, qui peut offrir une perspective de succès pour les paysannes et les paysans.
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