Tineyi Chakanyuka et Paskalia Shikuku gagnent une grande partie de leurs moyens d’existence grâce à Push-Pull (répulsion- attraction), une méthode de culture biologique qui a fait ses preuves avec le maïs et le mil. Celles et ceux qui connaissent bien Biovision n’y voient pas là un scoop ! Et ce n’en est pas un non plus pour 160 000 paysannes et paysans en Afrique subsaharienne.
Ce qui distingue ces deux femmes, c’est que ni l’une ni l’autre n’ont planté une seule graine de maïs ou de mil. Elles profitent opportunément du fait que la méthode ouvre des niches économiques pour des services annexes, qui peuvent – et même doivent – être occupées par des petites entreprises : c’est ce qui permet à Push-Pull d’être bénéfique à plusieurs niveaux, conformément à l’approche holistique de Biovision et de l’agroécologie.
Cette technique de culture écologique présente de nombreux avantages : on sait qu’elle augmente le rendement des familles rurales en les protégeant contre les ravageurs et les mauvaises herbes tout en augmentant la fertilité des sols. Or pour utiliser Push-Pull, les cultivateurs et cultivatrices ont besoin de plantes auxiliaires, le desmodium et l’herbe à éléphant, dont les graines doivent être disponibles sur le marché. Et c’est là que Tineyi Chakanyuka entre en jeu. Responsable de produits pour la société de semences Mukushi Seeds à Harare (Zimbabwe), elle a très vite compris que la vente des plantes auxiliaires de Push-Pull avait un grand potentiel : à mesure que la popularité de la méthode augmente, la demande de semences progresse également.
Du fourrage dans la mangeoire
À l’autre bout de la chaîne de valeur, Paskalia Shikuku occupe une autre niche économique. Elle est présidente de la coopérative de fourrage « Sabatia Napier Traders Group ». Sous-produit très apprécié de la méthode Push-Pull, l’herbe à éléphant est un aliment de haute qualité pour le bétail, souvent produit en excédent. Les fermes affiliées à la coopérative sèchent l’herbe non utilisée et la transforment en balles de fourrage. Celles-ci sont collectées et stockées dans un endroit sec jusqu’à ce que la demande en foin – et donc son prix – augmente en saison sèche.
On le voit, Push-Pull s’intègre dans un système agroécologique qui non seulement assure la sécurité alimentaire des ménages ruraux, mais renforce également l’indépendance financière des entreprises en amont ou en aval de la chaîne de valeur céréalière. Ce système contribue en plus à la santé des bovins.
D’autres opportunités pointent à l’horizon : l’institut international de recherche sur les insectes icipe, basé au Kenya, étudie actuellement en partenariat avec Biovision dans quelle mesure Push-Pull peut aussi profiter à la culture des légumes. Le régime alimentaire des familles pourra ainsi être diversifié. Et comme les légumes atteignent des prix élevés sur le marché, les paysannes et paysans se créeront ainsi une nouvelle source de revenus.