DDT – Du médicament miracle au poison nocif
Lorsque les agricultrices et les entomologistes ont réalisé que les pesticides au DDT avaient un effet largement non spécifique – il ne détruit pas seulement les ravageurs, mais aussi des insectes utiles comme les abeilles et d’autres pollinisateurs – il y a eu une grande inquiétude. Les poisons qui pénètrent dans les eaux souterraines et s’accumulent également dans les aliments menacent les écosystèmes sensibles ainsi que les insectes, les oiseaux et les poissons. Sans oublier la santé humaine.
À peine après son introduction, l’insecticide a divisé les agriculteurs en deux camps. Un groupe a vu le DDT comme une avancée et prôné son utilisation contre les parasites. L’autre groupe était préoccupé par son impact environnemental et considérait les insecticides comme une interférence nuisible dans la nature.
Une production alimentaire respectueuse de l’environnement
Ainsi, les milieux paysans critiques du DDT ont été attirés par de nouvelles formes d’agriculture basées sur des cycles naturels, comme les méthodes biodynamiques ou biologiques-organiques. Le principe : la production alimentaire doit aller de pair avec la protection de l’environnement. C’est à partir de là que se sont développées les valeurs fondamentales du bio, finalement inscrites en 1997 dans l’ordonnance suisse sur l’agriculture biologique. Parce qu’il s’agit d’un mode de production « particulièrement respectueux de l’environnement », la Confédération soutient les agriculteurs biologiques par des paiements directs plus élevés.
Des mouvements similaires ont émergé en même temps en Allemagne et en Autriche, qui se sont de plus en plus mis en réseau au fil des ans. Aujourd’hui, les associations bio sont actives dans de nombreux pays à travers le monde. Elles sont organisées au sein de la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM).
Dans la jungle suisse des labels bios
Mais que signifie «bio» au juste? À quelles exigences doit se conformer une exploitation aujourd’hui ?
En plus de la réglementation officielle, il existe des labels tels que Bio Suisse, dont certains sont soumis à des exigences plus strictes. Pour les exploitations suisses, les exigences légales de l’ordonnance fédérale s’appliquent en premier : elle stipule que des éléments comme les haies, les prairies riches en espèces, les arbres fruitiers à haute tige et d’autres habitats naturels doivent constituer 7% de la surface cultivée. Autre exigence centrale : les cycles et processus naturels doivent être pris en compte et les additifs chimiques de synthèse comme les pesticides évités. On ne peut utiliser des organismes génétiquement modifiés (OGM) et les produits ne peuvent pas être traitées par rayonnement, par exemple pour retarder la maturation des fruits et légumes ou tuer les insectes.
Le nombre de têtes de bétail dans une ferme doit être proportionné à la surface agricole, de manière à pouvoir épandre la quantité nécessaire de fumier et de purin. Plus de 60% du fourrage des ruminants doit être constitué de foin, d’herbe ou d’ensilage.
Des directives plus strictes pour Bio Suisse
Des labels comme Bio Suisse (Le Bourgeon) ont des exigences nettement plus strictes que la réglementation étatique. Par exemple, il est impératif que toute la ferme soit gérée conformément aux critères biologiques, ce que l’ordonnance fédérale n’exige pas.
Les agricultrices de Bio Suisse doivent aussi démontrer des mesures pour la biodiversité. L’utilisation de produits phytopharmaceutiques (pesticides) est strictement réglementée, tout comme le chauffage des serres en hiver. Les exigences en matière d’alimentation animale sont également plus strictes, car les vaches doivent être nourries avec au moins 90% de foin, d’herbe ou d’ensilage de la propre production biologique de la ferme. Toutes les fermes du Bourgeon doivent préparer des rapports de durabilité et respecter des normes sociales minimales.
Une évaluation de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) a montré que beaucoup de fermes Bio-Suisse obtiennent des résultats bons à très bons dans la plupart des critères de durabilité.
La diversité des cultures dans l’agriculture biologique protège contre les parasites
Dans l’ensemble, l’agriculture biologique tente d’obtenir une variété multiple de plantes et d’animaux qui coexistent et les uns avec les autres dans un équilibre harmonieux. Par exemple, la diversité des cultures bios est la plus efficace des protections contre une infestation excessive de ravageurs, confirme Mathias Forster, directeur général de la Bio-Fondation Suisse. Car comme on l’a vu avec le DDT avant son interdiction en 1972, les pesticides synthétiques agissent non seulement sur les organismes dits cibles, mais aussi endommagent ou tuent des espèces « utiles », qui sont souvent les ennemis naturels des parasites.
La compréhension progressive des liens holistiques entre agriculture durable et santé renforce beaucoup de paysannes biologiques dans leur conviction d’être sur la bonne voie : des sols sains et fertiles signifient des plantes et des eaux saines à long terme, donc des animaux en bonne santé et bien sûr des personnes en bonne santé.