Josephine Ithiru et ses Toggenbourgeoises

Par

Peter Lüthi, Communication

Josephine Ithiru, paysanne de 70 ans originaire de Chuka (Kenya), participe à une étude scientifique à long terme. Des méthodes de culture écologiques et conventionnelles sont étudiées.

Saviez-vous que les Toggenburg sont célè- bres et extrêmement populaires au Kenya ? Non pas des champions de lutte ou de tremplin, mais des quadrupèdes barbus et cornus. Les chèvres du Toggenburg sont très demandées par les paysannes et pay – sans kenyans, parce qu’elles produisent beaucoup de lait.

Josephine Ithiru, une grand- mère septuagénaire de Chuka, est fière de son petit troupeau. Ses neuf chèvres vivent dans une étable bien délimitée – un avantage pour l’hygiène, la santé animale, la collecte du fumier et la traite. Joséphine utilise le lait pour sa famille, alors qu’elle vend les jeunes mâles pour du bon argent.

Depuis peu, elle s’occupe soigneusement du fumier qu’elle recueille chaque jour pour le mélanger au compost ou fabriquer de l’en- grais liquide. « Ça, c’est nouveau pour moi », explique-t-elle, soulignant que les récoltes de maïs et de haricots sont meilleures que par le passé. Auparavant, elle dépendait des engrais, qui coûtaient cher pour un rende- ment modéré. Depuis quelques années, Mme Ithiru est impliquée avec 60 autres pay – san-ne-s dans le projet « Comparaison des systèmes à long terme » mené par l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) et soutenu par la fon – dation Biovision, la DDC, le Service du développement du Liechtenstein (LED) et le Fonds de développement durable de Coop. Cette étude scientifique a comparé sur une longue période les méthodes de culture biologiques et conventionnelles dans les tropiques, de façon systématique et à conditions égales.

Ein Porträtbild von Josephine Ithiru, Kenia.
L’agricultrice biologique Josephine Ithuru, de Chuka (Kenya), participe au projet « comparaison entre bio et conventionnel ». Elle mesure les intrants et les récoltes des deux méthodes.
Die kenianische Bäuerin Josephine Ithiru auf ihrem Maisfeld im Syscom-Langzeitvergleich.
Josephine est convaincue que le bio marche mieux pour elle que la culture conventionnelle.
Die kenianische Bäuerin Josephine Ithiru sortiert Mais.
Avec les méthodes biologiques, elle a obtenu de bons rendements tout en réduisant les dépenses pour les engrais artificiels et les pesticides chimiques.
Die kenianische Bäuerin Josephine Ithiru kümmert sich um ihren Kompost.
L’installation de compostage est le « cœur » de sa ferme biologique
Die kenianische Bäuerin Josephine Ithiru testet auf ihrem Feld verschiedene Kompostarten.
Josephine a mis en place un champ d’essais sur ses terres. C’est là qu’elle teste différents mélanges de compost et d’engrais artificiels.
Forschende des Syscom Langzeitvergleichs untersuchen die Erde auf einem Versuchsfeld.
Les scientifiques étudient les effets des méthodes biologiques et conventionnelles sur la croissance des plantes, le rendement, la qualité et la durée de conservation des cultures, ainsi que sur la fertilité des sols.
Versuchsfeldern in der kenianischen Forschungsorganisation für Landwirtschaft und Viehzucht in Chuka.
Champs d’essai de l’organisation Kenya Agricultural & Livestock Research Organization (KALRO) à Thika.

« L’agriculture biologique, c’est pareil »

Josephine Ithiru a testé les intrants et les résultats de divers mélanges d’engrais dans différentes compositions. Après la première phase du projet, il est devenu clair pour elle que l’agriculture biologique est la meilleure méthode. Le bilan des scientifiques impliqués est plus nuancé. Selon leurs conclusions, le bio dans les tropiques offre des rendements comparables à ceux des méthodes classiques, mais à plus long terme il donne des revenus plus élevés aux paysan-ne-s.

Joséphine accueille régulièrement des visiteurs/ euses des environs pour leur montrer ses champs d’essai et les informer sur les avantages de l’agro-écologie. « Les gens sont d’un côté très impressionnés », affirme-t-elle. Mais elle soupçonne que les jeunes, surtout, jugent les techniques écologiques onéreuses. « C’est dur d’atteindre la jeune génération. Avec l’agriculture biologique, c’est pareil, estime la vieille paysanne. Les jeunes veulent des solutions numériques et rapides. » Tout en parlant, elle tend une gerbe de plantes à son bouc du Toggenburg. Lequel ne se fait pas prier et se met à grignoter les feuilles consciencieusement. « Vraiment pareil, sourit-elle. Il sait exactement ce qu’il a à faire. »

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