Quelle est l’importance des abeilles pour la flore et la faune d’une région ?
Les abeilles sont essentielles à l’écosystème local. Et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord pour la pollinisation des plantes forestières. Les abeilles transportent en effet du pollen de fleur en fleur et les fécondent. Les fleurs donnent des fruits qui contiennent à leur tour les graines des différentes plantes. Sans abeilles, pas de pollinisation, sans pollinisation, pas de régénération des forêts. Des forêts qui abritent non seulement des milliers d’êtres vivants, mais qui sont également indispensables aux habitants d’une région.
Pourquoi ?
Les forêts abritent des plantes qui servent de nourriture à de nombreux animaux. Les abeilles assurent ainsi indirectement la survie de diverses espèces animales. Parallèlement, les forêts sont extrêmement importantes pour le cycle de l’eau d’une région. Les abeilles ont donc également une influence sur ce dernier. De plus, les abeilles ne pollinisent pas seulement les plantes forestières typiques, mais aussi les plantes agricoles. Elles fournissent ainsi des fruits et des légumes et assurent un revenu aux agriculteurs.
A cela s’ajoute le revenu supplémentaire tiré de la production de miel ?
Exactement. Outre tous les effets positifs que les abeilles apportent, il y a aussi le revenu complémentaire de l’apiculture. Les familles d’agriculteurs peuvent consommer elles-mêmes le miel, mais aussi le vendre. L’apiculture permet également d’obtenir de nombreux autres produits. Par exemple la cire d’abeille, la propolis ou le pollen.
À propos Dr. Kiatoko Nkoba
Collaborateur du Centre international de phisiologie et d’écologie des insectes, Icipe, Tanzanie
Quels progrès ont été réalisés depuis qu’Icipe et Biovision ont lancé le projet Zanbee à Zanzibar ?
Ici, je dois aller un peu plus loin. Pendant longtemps, dans de nombreux endroits en Afrique, l’apiculture, mais aussi l’agriculture, ont été pratiquées d’une manière qui n’intégrait pas les dernières découvertes scientifiques. Ainsi, l’apiculture traditionnelle a souvent eu des effets négatifs sur la santé des colonies d’abeilles ou sur la diversification et la qualité des produits.
Pouvez-vous expliquer cela plus en détail ?
Par exemple, on utilisait souvent des ruches dans lesquelles les apiculteurs ne pouvaient pas faire la différence entre le miel mûr et le miel moins mûr. Par conséquent, tout le miel était souvent retiré. Même ceux dont la teneur en eau était trop élevée ou trop basse. Il en résultait un miel de mauvaise qualité que les familles paysannes ne pouvaient que difficilement stocker et donc vendre. De tels exemples ont montré combien il était important de transmettre aux communautés paysannes les connaissances scientifiques en matière d’apiculture, mais aussi d’agriculture. Et c’est précisément là que nous sommes intervenus.
Quels ont été les principaux leviers ?
Il était important de montrer aux agriculteurs et agricultrices qu’il est possible d’augmenter sensiblement et durablement non seulement leur rendement, mais aussi la qualité de leurs produits. Nous avons ainsi pu montrer comment transformer la cire d’abeille en bougies, en cire pour chaussures, en crèmes et en baumes à lèvres. Autant de produits qui permettent d’obtenir un revenu supplémentaire. Mais nous avons également cherché à discuter avec les agriculteurs des fruits et légumes qu’ils cultivent.
Pour quelle raison ?
Beaucoup d’agriculteurs ne voient dans les abeilles que des productrices de miel et non des pollinisatrices importantes. Mais nous avons pu montrer à quel point les abeilles sont importantes pour les champs des agriculteurs et agricultrices. Ceux-ci ont par exemple appris que certains insecticides n’influencent pas seulement la qualité du miel, mais peuvent aussi tuer des colonies d’abeilles entières. Nous avons essayé de faire prendre conscience de l’utilité globale de cette espèce d’insectes si particulière. L’objectif est bien sûr que les agriculteurs misent davantage sur des mesures agroécologiques durables, notamment en raison des abeilles. Et qu’ils obtiennent en fin de compte un meilleur prix sur le marché pour leurs produits biologiques.
Dans quelle mesure l’apiculture à Zanzibar est-elle liée à la protection des mangroves ?
De nombreuses plantes qui poussent dans les mangroves sont une bonne source de nectar, dont les abeilles sont très friandes. Mieux encore : des études montrent que ces plantes donnent un miel d’une qualité particulièrement élevée. Les abeilles visitent ces plantes, les pollinisent et assurent ainsi leur pérennité. Les apiculteurs qui travaillent dans les mangroves peuvent en même temps produire du miel qu’ils peuvent vendre à un prix plus élevé que le miel provenant d’autres régions. Cela conduit indirectement à une meilleure appréciation de la mangrove.
Quels sont les plus grands défis pour l’avenir ?
Le défi est certainement d’étendre de tels projets. Il est souvent difficile de trouver des surfaces utilisables. C’est pourquoi nous ne misons pas seulement sur la mangrove, mais aussi sur d’autres zones à l’intérieur du pays qui conviennent à l’apiculture. Il est en outre extrêmement important d’impliquer les législateurs et les politiques pour que le changement vers des pratiques durables soit soutenu ici aussi. Les autorités se concentrent souvent sur les ressources telles que le pétrole ou le charbon et oublient les écosystèmes si importants et précieux avec leur biodiversité inestimable. Il est important de montrer que ces écosystèmes n’ont pas seulement une utilité pour la nature, mais aussi pour les habitants de la région.
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