Les conditions climatiques de plus en plus imprévisibles compliquent l’agriculture dans bien des pays tropicaux. L’intensité ou la fréquence des saisons pluvieuses et sèches ne cessent de changer brusquement et les pertes de récolte augmentent. La surexploitation des forêts aggrave encore la situation : l’absence de couverture végétale toute l’année expose le sol fragile au soleil, au vent et aux aléas météorolo – giques. Alors les précipitations ruissellent sans obstacle au lieu de nourrir le sol et les nappes phréatiques.
Paysannes et paysans se bougent
Mille cinq cents paysan-ne-s de quatre comtés situés au pied du mont Kenya sont accompagnés par notre partenaire ICE (Institute for Culture and Ecology) dans le cadre du projet Biovision, et montrent comment se défendre contre l’impact d’une telle évolution. Ils ont appris comment des champs aménagés en terrasses et des planta – tions ciblées peuvent accroître la rétention d’eau et prévenir l’éro – sion. Ou comment améliorer la fertilité des sols avec du compost. Les groupes d’épargne communautaires financent le remplacement des foyers traditionnels par des fours efficaces, réduisant ainsi le gaspil – lage de bois. Ils financent aussi l’achat de ruches modernes pour améliorer la pollinisation dans les forêts et les champs. Projet 2 : Réactiver les savoirs traditionnels Les petits paysans font face à la pression exercée sur les ressources naturelles du mont Kenya.
Depuis le début de notre partenariat avec ICE en 2012, la zone du pro – jet s’est élargie. Lors de la première étape, l’accent a été mis sur les comtés de Tharaka-Nithi et de Meru. Durant les trois dernières années, les paysan-ne-s d’Embu et de Muranga ont aussi bénéficié de cours sur le terrain. On a pu se rendre compte que les besoins différaient nettement selon les régions, en fonction des conditions naturelles. Alors que dans les savanes sèches de Thara – ka-Nithi, la prévention de l’érosion et l’apiculture sont plébiscitées, les habitants de la région humide de Muranga s’intéressent davan – tage à la production de fruits et légumes. Grâce à leurs sources de revenus diversifiées, les populations résistent mieux à l’irrégularité des saisons sèches et pluvieuses.
Et ensuite ?
Les connaissances acquises alimenteront directement la prochaine phase du projet, l’accent étant désormais mis sur le développement des compétences en apiculture et en agroforesterie ainsi que sur l’accès aux marchés d’écoulement. Notre projet vise donc à promouvoir des sources de revenus alternatives et à réduire la pression sur les res – sources naturelles. Les formations sur le terrain, appréciées et bien rodées, seront poursuivies. En collaboration avec notre partenaire de projet, nous élaborons de nouvelles stratégies pour inscrire les questions agro-écologiques à l’agenda politique des quatre comtés. Les succès obtenus jusqu’ici et les expériences positives d’ICE, en coopération avec plus de 50 organisations paysannes, sont autant d’atouts pour convaincre.
Dialogue entre générations
De plus en plus, l’évolution de la société relègue dans l’oubli des savoirs précieux sur l’utilisa – tion durable des sols, de l’eau et des semences. Avec l’Institut pour la culture et l’écologie (ICE), partenaire du projet, nous encourageons les connaissances traditionnelles et nous les associons avec de nouvelles perspectives. Par exemple, des calendriers saisonniers sont créés avec des variétés de plantes traditionnelles, souvent plus résistantes. Et aussi des cartes communautaires. Elles montrent aux gens les changements de l’écosystème du passé au présent et offrent un aperçu du futur, où des modifications imminentes liées à la crise climatique les attendent.