Des guêpes sauvent les récoltes de maïs en Afrique

Par

Margarete Sotier, Biovision

La chenille légionnaire d’automne s’est répandue rapidement sur le continent africain et a pillé les moyens de subsistance de millions de paysannes et paysans. Les pesticides chimiques se sont avérés inefficaces. Mais maintenant, le salut est en vue: le partenaire de Biovision, icipe, a trouvé une solution écologique au fléau. 

Son nom dit tout :  la légionnaire d’automne (« army worm » en anglais, soit « ver armé ») dévaste les cultures, quitte le champ de bataille, puis repart. Lorsqu’un terrain est infesté, les larves voraces détruisent jusqu’à 50% des récoltes, indique l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le maïs, un des aliments de base en Afrique subsaharienne, est particulièrement touché. La redoutable chenille détruit jusqu’à 18 millions de tonnes de récoltes chaque année. Plus de 300 millions de personnes en subissent les effets : la faim et la pauvreté. 

Les familles paysannes soulagées 

Tout a commencé avec un passager clandestin du continent américain. En 2016, la chenille légionnaire d’automne est repérée une première fois. La situation devient rapidement gravissime. La légion se répand à toute allure et se retrouve maintenant dans tous les pays au Sud du Sahara. 

 Depuis lors, les paysan·ne·s du continent s’attaquent à l’envahisseur avec des pesticides de synthèse. En vain. Car souvent, bon nombre de leurs substances actives n’atteignent pas les chenilles à l’intérieur des plantes, alors qu’elles tuent d’importants insectes bénéfiques indigènes ainsi que les ennemis naturels du légionnaire d’automne. De plus, le ravageur développe fréquemment une résistance au pesticide utilisé. À cela s’ajoutent les conséquences graves pour la santé des populations et de l’environnement. 

 Mais les agriculteurs et agricultrices peuvent bientôt pousser un grand soupir de soulagement: les scientifiques ont réalisé une percée dans le contrôle écologique de la chenille légionnaire d’automne. Trois espèces de guêpes parasites indigènes ont été identifiées, qui peuvent rétablir l’équilibre naturel entre ravageurs et bénéfiques. Lors d’un test sur le terrain, on a lâché des centaines de milliers de ces guêpes dans des fermes infestées au Kenya. Avec un résultat étonnant : les chenilles ont été décimées jusqu’à 55%. « Les guêpes parasites agissent en synergie en attaquant les œufs et les larves du ravageur », explique Dr Samira Mohamed, de l’institut de recherche sur les insectes icipe à Nairobi. 

La lutte intégrée est efficace

Après ces essais encourageants au Kenya, il s’agit de produire davantage de guêpes. « Il existe de nouveaux plans pour une dissémination massive de ces insectes bénéfiques dans d’autres zones de maïs au Kenya. Nous prévoyons également, avec des partenaires nationaux, d’étendre la diffusion à d’autres pays d’Afrique orientale et australe », explique Sevgan Subramanian, responsable de l’environnement à l’icipe. Mais le manque de capacité technique pour accélérer la reproduction des guêpes parasites dans d’autres pays pose un défi majeur.

Il est donc très important de montrer aux gens des méthodes alternatives contre le parasite. L’une d’elles est le système Push-Pull (attraction-répulsion d’insectes), qui a été développé par icipe. Biovision contribue à la diffusion de la méthode et soutient son adaptation aux nouvelles conditions des sites agricoles. Une étude a montré que les « champs Push-Pull » infestés par la légionnaire d’automne subissaient 80% de dégâts en moins que les champs conventionnels. Le nombre moyen de larves par plant dans les cultures Push-Pull était de 82,7% inférieur à celui des monocultures de maïs. De plus, les rendements étaient beaucoup plus élevés.

Mais d’autres méthodes respectant l’environnement telles que les cultures dérobées (ou intercalaires) ou l’utilisation de biopesticides sont également importantes dans une stratégie durable. Pour des millions d’Africain·ne·s, ces mesures seront essentielles à leur survie.

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