Surcycler, troquer ou acheter équitable : quelques conseils pour une mode durable

Par

Anne Jornord, stagiaire CLEVER 2022

En Suisse, chaque personne achète une soixantaine de vêtements par an. En moyenne, nous possédons 120 vêtements dont 40 % ne sont portés que quatre fois, et ce sur une durée deux fois plus courte qu’il y a 15 ans. Les vêtements délaissés atterrissent souvent dans la poubelle ou au point de collecte de textiles usagés. Comment faire alors pour privilégier un mode de consommation durable tout en se permettant de temps en temps une petite virée shopping ?

La surconsommation de vêtements et la fast fashion posent problème. Bien souvent, les vêtements moins chers sont produits dans des conditions inhumaines et la production des tissus impacte considérablement l’environnement. C’est l’ensemble de la chaîne, de la production à la distribution en passant par l’élimination, qui en porte la responsabilité. Les récentes recherches de Public Eye sur le géant de la mode chinois Shein montrent que des conditions de travail précaires règnent aussi bien dans les centrales d’exploitation chinoises que dans la logistique en Belgique.

Les grandes chaînes, telles que H&M et Zara, tentent de se refaire une image en proposant une mode prétendument équitable. Cette opération de greenwashing rassure les consommateur·rices, mais les stratégies de développement durable ne respectent souvent pas leurs promesses. Ainsi, une étude de la Changing Markets Foundation prouve qu’en réalité les vêtements faits en bouteilles recyclées génèrent encore plus de déchets.

CONSEIL | Des vêtements écologiques ne sont pas forcément chers. Les boutiques de seconde main ou les brocantes proposent des vêtements bon marché et encore en bon état. Dans les magasins vintage, on peut souvent acheter des vêtements de marque à des prix abordables.
Fasion revolution manifestation

Troquer au lieu d’acheter

Depuis quelques années, les trocs de vêtements se développent. Cela permet de proposer des vêtements que l’on ne veut plus porter et de choisir, en échange, de nouvelles pièces dans les collections proposées. Ces évènements ont pour objectif de prolonger la durée de vie des vêtements. Ils permettent également de trouver de nouveaux vêtements de façon durable et gratuite, pour sa propre garde-robe. Les organisations caritatives telles que Walk-in Closet à Zurich, ou Sipy à Genève ont repris ce concept, en proposant des évènements de troc, une boutique ainsi qu’une plateforme en ligne. Pourquoi ne pas organiser un évènement de troc de vêtements ou prêter un vêtement ?

Surcycler ou comment donner une nouvelle vie aux vieux vêtements
Que faire lorsque les vêtements de seconde main sont trop grands, trop longs ou affublés, par exemple, d’épaulettes démodées ? Des projets tels que nacré à Neuchâtel ou Rework à Zurich ont choisi de revaloriser des vêtements de seconde main sélectionnés afin de prolonger leur durée de vie. Rapiécés et recousus, les vieux vêtements renaissent. Parfois, il suffit juste de raccourcir la blouse, de l’agrémenter de nouveaux boutons, ou de retirer son col.

« Les vêtements les plus écolos sont ceux que tu as déjà dans ton armoire », telle est la devise de Walk-in Closet. En prenant soin de nos vêtements, en les réparant ou les modifiant, nous portons sur eux un regard neuf et plus conscient. Des vêtements de qualité en matières nobles se conservent généralement plus longtemps que des vêtements synthétiques, et préservent aussi l’environnement. En effet, la production de fibres synthétiques a un impact écologique important. De minuscules fibres se détachent au lavage et des microplastiques sont ainsi dispersés dans les eaux usées. Ces particules non dégradables biologiquement ne peuvent pas être filtrées dans les stations d’épuration et se retrouvent inéluctablement dans la nature.

Et lorsque l’envie d’acheter en magasin se fait de nouveau ressentir, on peut toujours se demander : ai-je vraiment besoin de ce vêtement supplémentaire ? En se questionnant ainsi, notre démarche est plus consciente et il est possible d’éviter des achats compulsifs et des armoires pleines à craquer !

Conseils en bref

  • Porter les vêtements, les repriser, faire du troc, emprunter
  • Acheter en seconde main
  • Acheter de façon consciente
  • Choisir des matières textiles durables, en coton bio, lyocell ou en chanvre
  • Soutenir les labels de commerce équitable ou de développement durable

Pour aller plus loin.

Portrait von Anne Jornod
« J’achète mes vêtements quasiment qu’en seconde main. Et si j’ai besoin d’une robe pour un évènement particulier, je l’emprunte à une amie. »
Anne Jornod, Stagiaire CLEVER 2022

Nos nouvelles

Consommation

L’épic blé

Le blé est un important aliment de base. À Pâques, on l’associe traditionnellement à la fertilité et au renouveau. Mais la production de farine peut avoir un impact non négligeable sur l’environnement. Afin de faire les bons choix pour votre gâteau pascal, nous vous proposons un tour d’horizon pour vous y aider.
Savoir

Les phares suisses de l’agroécologie

Avec des exemples pratiques réussis d’agroécologie, appelés «phares», Biovision montre l’avenir de notre système alimentaire.
Consommation, Savoir

5 conseils d’achat pour une consommation éclairée

Dans une démarche de préservation environnementale, nos choix alimentaires revêtent une importance cruciale. En Suisse, l’économie potentielle de 2’800’000 tonnes de nourriture par an, et jusqu’à 600 francs par ménage, souligne l’impact significatif de nos comportements individuels. Ces cinq conseils pratiques visent à orienter nos habitudes vers une consommation plus durable et responsable.
Consommation

Doux à l’extérieur, amer à l’intérieur

En matière de lapins de Pâques, pour que le plaisir d’offrir n’ait pas un goût amer, il faut miser sur les labels bio et commerce équitable.