
Nous sommes en pleine crise mondiale du climat et de la biodiversité, une crise qui ne cesse de s’accélérer. Les familles paysannes sont particulièrement touchées : sécheresses ou pluies abondantes, chaleur ou froid extrême menacent de la même façon les semis et la récolte. En Suisse, nous vivons cette année une baisse historique des rendements : le printemps froid, le gel au début de la floraison, la grêle, un été pluvieux avec des sols détrempés et peu de soleil ont mis à rude épreuve les récoltes de 2021. Selon l’estimation de l’Office fédéral de la statistique, la valeur de la production baissera de 9 % par rapport à l’an passé. Dans l’ensemble des pays du Sud, la situation est bien plus alarmante.
Le monde rural d’Afrique de l’Est a fait face ces dernières années à des sécheresses de plus en plus rapprochées. L’été dernier, le gouvernement kenyan a qualifié la sécheresse de « catastrophe nationale ». Parmi les graves conséquences du réchauffement, on peut citer la diminution des disponibilités alimentaires et les conflits liés au manque d’eau. Mais l’agriculture n’est pas seulement victime du dérèglement climatique ; elle en est aussi responsable. Notre système alimentaire – de la production à l’élimination des déchets alimentaires, en passant par le stockage, la distribution et la consommation – est responsable d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
L’agroécologie est une forme d’agriculture durable qui rassemble des connaissances scientifiques traditionnelles et modernes tout en prenant en compte les aspects écologiques, sociaux et économiques. Elle relie les producteur·trices et les consommateur·trices à travers des chaînes de valeur équitables et constitue une approche efficace pour remodeler nos systèmes agro-alimentaires de manière durable. Vous pouvez en savoir plus à ce sujet en consultant le lien vers l’étude de Biovision et de la FAO sur www.biovision.ch/fr/actualites/aofr
Les méthodes naturelles assurent une meilleure résilience
Pour se protéger du réchauffement climatique et de la faim, nos systèmes alimentaires doivent de toute urgence devenir plus résilients et plus durables. L’expérience de terrain et les découvertes scientifiques montrent toujours plus clairement que l’agroécologie (voir encadré) est une solution très prometteuse face à ces défis. Une étude publiée par Biovision en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) met en évidence trois piliers de l’agroécologie qui conduisent à une plus grande résilience au changement climatique :
- La diversité des modes de culture et des espèces crée des synergies et optimise la diversité génétique, ce qui renforce la résistance des animaux et des plantes. Elle assure également des sources alternatives de revenus. Et la diversification économique réduit le risque d’échec total lors de mauvaises récoltes.
- Des sols sains et fertiles, cultivés selon des pratiques proches de la nature sans utiliser d’engrais et de pesticides de synthèse, réduisent les émissions de gaz à effet de serre et stockent plus de carbone.
- Créer et échanger des connaissances communes. La connaissance de la population sur ce qu’est le changement climatique et comment y faire face constitue la base d’une meilleure résilience. En combinant les savoirs traditionnels locaux avec les preuves scientifiques sur les bienfaits de l’agriculture biologique, on augmente à long terme l’adaptabilité des systèmes alimentaires et la résilience de ses acteurs et actrices.
Par ailleurs, les principes agroécologiques de production locale proche de la nature, avec des trajets de transport courts, une économie circulaire et une consommation réduite, contribuent à baisser davantage les émissions de CO2.
Les politiques doivent agir maintenant !
L’agroécologie est en plein essor au niveau international. Elle est considérée par de plus en plus de décideur∙euses politiques, économiques, scientifiques et de la société civile comme le meilleur moyen de transformer nos systèmes alimentaires. Ce qu’il faut maintenant, c’est un environnement politique plus favorable. À Biovision, les responsables du dialogue politique et du plaidoyer s’y engagent fortement : ils et elles apportent de manière ciblée des connaissances actuelles et étayées dans les processus de décision politique, et favorisent ainsi un changement d’opinion. Par exemple grâce au Food Policy Forum for Change (Forum de politique alimentaire pour le changement), on encourage activement l’échange entre les décideur·euses. On crée ainsi une base de travail pour de nouveaux plans d’adaptation et de développement face au changement climatique, dans des processus participatifs. Mais à ce jour, on manque encore d’actions décisives et de ressources financières. Pourtant, l’heure tourne…