Elle s’excuse en nous accueillant : elle n’a pas pu nettoyer. Son beau-frère est mort il y a quelques jours, et maintenant tout est un peu détraqué. Eunice Kimiya, mère de quatre enfants, héberge la famille en deuil pendant une semaine. Avec la préparation des funérailles, l’hôtesse est très sollicitée.
Eunice Kimiya dans l’interview.
Cette paysanne de 50 ans n’a pas beaucoup dormi, ce qui n’est pas chose nouvelle pour elle. Sa journée commence à cinq heures et se termine à vingt-deux heures. Mais depuis peu, se lever le matin est devenu plus facile. Elle s’est découvertes de nouvelles passions : son jardin potager et son travail de conseillère en santé. « Autrefois, nous ne réalisions pas le besoin d’une alimentation variée, explique-t-elle. Nous étions seulement au courant de l’existence de l’amidon, des protéines et des vitamines. »
Dans le projet « Semences locales et biodiversité », Eunice a appris à connaître et à apprécier toutes sortes de légumes traditionnels. Jusqu’alors, comme beaucoup de familles paysannes de la région, elle cultivait surtout du maïs, des ignames et des bananes. Maintenant, la liste des plantes s’est bien allongée : épinards, haricots niébé, chou frisé, amarante, légumes araignée, morelle noire, Crotalaria, corète potagère, citrouille, carottes, oignons verts et autres.
Gagner sa vie, transmettre le savoir
Non seulement elle est très contente de cultiver tous ces légumes, mais elle produit aussi des graines. Leur vente est devenue une nouvelle source importante de revenus pour la famille. « Je passais tellement de temps et d’argent à aller au marché et acheter des légumes. Maintenant je doit plus faire tout cela. Je prends soin de ma famille moi-même, et j’en suis fière », affirme cette femme en super forme. Et quel est son souhait pour sa communauté ? La réponse fuse : « Des personnes en bonne santé et pleines de ressources ! »
Eunice sait qu’elle doit le succès de ses légumes au conaissances apprises dans le cadre du projet. Elle les transmet aujourd’hui, en tant que conseillère de santé bénévole, à d’autres membres de sa communauté. La paysanne va de porte en porte, partage son expérience de la culture des légumes et sensibilise sur l’importance d’une alimentation variée. « Il y a des gens ici qui ne savent ni lire ni écrire. C’est pour ces personnes là que mon travail prend tout son sens , souligne-t-elle. Mariée à un enseignant, elle connaît l’importane du partage connaissances. Son mari, à son tour, a commencé à intégrer des notiosn de nutrition dans ses leçons. Pour Eunice, c’est clair : le projet devrait continuer : « Nous voulons encore apprendre ! » Avec la construction prévue d’un centre de consultation dans les environs, son voeu se réalisera bientôt.